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Le blog des séropositifs en colère
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16 août 2010

AIDES AUX PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT: NÉCESSITÉ OU CHARITÉ QUI TUE ?

pluie_de_dollars

Un vaste mouvement d'opinion soutient que la pluie d'argent augmente la corruption et déresponsabilise les gouvernements africains.

La solution: concentrer les aides sur les pays engagés sérieusement dans la lutte contre la pauvreté.

Depuis quelque temps, se discute la possibilité que pour les pays en voie de développement, en particulier ceux d'Afrique, les aides économiques étrangères puissent avoir représenté un problème ces dernières années. Plus un problème qu'une ressource, ayant pour principale conséquence de retarder le développement et l'autonomie de ceux qui les reçoivent. Cette thèse a été argumentée ces dernières années même par les commentateurs désintéressés du sort du continent africain. De toute évidence on ne parle pas de l'aide privée, du travail des ONG ou des simples bénévoles dans tel ou tel pays, mais du transfert direct d'argent aux pays africains par leurs homologues occidentaux.

L'économiste zambienne Dambisa Moyo a écrit il y a quelques années un livre intitulé Dead Aid ( la charité qui tue ), expliquant comment la dépendance à l'aide condamne les pays africains à une pérenne " adolescence économique", retardant la responsabilité des gouvernements. Un autre commentateur influent progressiste, le directeur de l'International Newsweek, Fareed Zakaria, a expliqué dans son livre " The Future of Freedom: Illiberal Democracy " que lorsque un gouvernement sait qu'il peut compter sur des revenus qui ne dépendent pas de ses activités - qu'elles soient le résultat de l'aide extérieure ou des grandes ressources naturelles - perd la nécessité et l'intérêt de poursuivre un développement cohérent et durable industriel pour son pays.

En outre, lorsque ces revenus se retrouvent entre les mains des gouvernements peu démocratiques - comme cela arrive souvent avec les aides en Afrique - les problèmes s'aggravent: dans le meilleur des cas, les gouvernements centralisent sur eux la répartition des ressources, en oubliant d'encourager les citoyens à produire de la richesse et dans le pire des cas, cet argent favorise la corruption et est utilisé à des fins très différentes de celles prévues.

calderisi Cette thèse est aujourd'hui relancée par le site de CNN dans un article de Robert Calderisi, expert en politique de développement, haut fonctionnaire de la Banque mondiale, auteur d'un livre sur le sujet. Calderisi ne veut pas couper toutes les aides et commence par expliquer que les seules aides étrangères n'ont jamais rien fait développer, mais si elles s'accompagnent d'un secteur public efficace, une forte détermination à lutter contre la pauvreté et une sage gestion des ressources, les résultats peuvent être excellents: c'est ce qui s'est passé en Inde. Mais pour que les aides fonctionnent, celles-ci doivent représenter seulement une minime fraction du total des ressources à investir dans le développement: si elles deviennent l'unique source de richesse, elles ne ne fonctionnent plus.

Dans les vingt dernières années, les pays comme le Ghana, l'Ouganda, la Tanzanie ou le Mozambique ont réussi à comprendre l'importance d'orienter le développement, en utilisant l'aide étrangère de façon plus précise et plus efficace. La plupart des gouvernements africains, toutefois, restent enfermés dans une culture subalterne, dans la dépendance ou l'indifférence. Et cela vaut, soit pour les nombreux dictateurs - six d'entre eux sont en fonction depuis plus de 25 ans - soit pour de nombreux gouvernements démocratiques qui ne se comportent pas différemment.

Le montant des sommes versées par les pays occidentaux aux pays africains ces trentes dernières années est énorme et il serait malhonnête de dire que l'Afrique n'a pas fait de progrès. Malgré cela, cependant, la situation est encore plutôt très critique. Robert Calderisi propose d'utiliser les fonds étrangers de façon différente.

Avant tout, concentrer mieux les efforts sur un nombre limité de pays, choisis parmi ceux qui essayent sérieusement de lutter contre la pauvreté et la corruption. Les autres feront la queue et se contenteront de montants plus faibles, du moins jusqu'à ce qu'ils prouvent un changement d'attitude dans l'entreprise publique et privée.

Parce que les aides étrangères ne dureront pas éternellement. En Afrique, nombreux sont ceux qui ont critiqué la décision de Barack Obama d'augmenter de seulement deux points le pourcentage des fonds pour lutter contre le sida, décision qui en Ouganda a mis en état de crise plusieurs hôpitaux. Les fonctionnaires américains ont toutefois un argument de poids.
Malgré la découverte récente d'immenses gisements de pétrole et de gaz, l'Ouganda a fait récemment des dépenses assez bizarres et superflues. Un gouvernement qui dépense 300 millions de dollars en avions de combat peut-il sérieusement demander plus d'aide pour combattre le VIH?

Robert Calderisi explique qu'il serait bien de ne pas se laisser berner par des taux de croissance à deux chiffres affichés par de nombreux pays africains ces dernières années. Certaines choses sont en train de changer et dans le futur on en verra les effets, mais jusqu'à présent la croissance économique africaine, basée principalement sur les exportations de pétrole et de minéraux, n'a pas beaucoup changé la vie des gens.

Les libertés politiques ont été limitées plutôt que de s'étendre, selon l'enquête annuelle de Freedom House. Un quart des enfants ne va pas à l'école et ceux qui y vont ne reçoivent pas une instruction de qualité. La production agricole, fondamentale pour réduire la pauvreté est encore et toujours stagnante. Selon Calderisi, davantage de pays devraient faire comme le Kenya, qui, il y a cinq ans, a réussi à doubler ses recettes fiscales quand un ex homme d'affaires, mis à la tête de l'agence nationale pour les taxes, s'est mis à combattre sérieusement l'évasion fiscale. Aujourd'hui, seulement 5% du budget du Kenya provient de l'aide étrangère, tandis que ceux de ses pays voisins arrivent jusqu'à 40%.

Une histoire qui est un bon exemple de combien peut être pervers l'effet de l'aide étrangère, mais aussi combien est importante l'initiative individuelle et le rôle des personnes pour permettre aux Africains de vivre une vie meilleure.

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Commentaires
W
Importants détournements de fonds destinés au sida<br /> <br /> http://gaboneco.com/show_article.php?IDActu=19747
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