Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog des séropositifs en colère
Archives
31 janvier 2011

VIH: La maladie et ses ennemis

interviewsavarino

le 30 janvier 2011

Le chercheur Andrea Savarino, n'est certainement pas une personne qui renonce face aux difficultés. Bien que beaucoup croient en l'impossibilité d'un traitement pour une infection qui change de façon soudaine , lui, au contraire, est depuis des années impliqué dans la recherche visant à trouver un remède à l'infection par le VIH.

Ses recherches se concentrent sur le principal obstacle à l'éradication du virus, à savoir le réveil des cellules du système immunitaire qui contiennent l'information virale en mémoire sans qu'il y ait réplication du virus. En effet, si avec un traitement antirétroviral le niveau de virus présent dans le sang diminue à de faibles niveaux, celui contenu de ces cellules à longue durée, appelés réservoirs, représente l'entrepôt de l'infection.

Pour cette raison, Savarino et son personnel sont en train de faire des expérimentations dans ce but. L'objectif est le développement d'un traitement d'éradication, connu sous le nom de Shok and Kill, qui a abouti récemment à une série de résultats expérimentaux, publiés dans la revue scientifique Virology, qui au niveau technique sont de bonne augure. Pour cette raison, il a accordé cette interview ...



* * *

Pouvez-vous expliquer brièvement quelle est la progression biologique de la maladie provoquée par le VIH?
Initialement, l'infection à VIH cause, de deux à six semaines à compter de l'infection, une "infection aiguë" qui peut ne pas se manifester chez tous. Dans cette période, la charge virale dans le sang est très élevée. Suit une période dans laquelle la charge virale diminue, et la personne va bien, mais peu à peu la charge virale augmente à nouveau. Au fur et a mesure que le virus se multiplie, il tue toujours plus de cellules CD4 +, cellules qui dirigent beaucoup des réponses immunitaires de l'organisme, jusqu'à en causer une réduction à un niveau tel à compromettre les défenses contre les agents infectieux. On rentre ainsi, souvent des années après l'infection, dans la phase de sida déclaré.

Les thérapies actuellement disponibles ne peuvent pas guérir la maladie, mais peuvent bloquer la progression et virologiques et améliorer de manière significative le système immunitaire. Si le traitement est interrompu, le virus se réveille et la maladie reprend son cours. Cela se produit à cause des «réservoirs», qui sont des cellules où le virus est silencieux pendant de longues périodes et qui ne peut être attaqué soit par des médicaments soit par le système immunitaire.

Vous effectuez actuellement des recherches à l'ISS une recherche sur l'élimination éventuelle du virus en utilisant une technique appelée Shock and Kill. Pourriez-vous expliquer en quoi consiste cette technique?
Elle comprend un médicament appartenant à la classe des histones déacétylases, qui induit la libération du virus de phase de latence. La réplication virale réactivée entraîne une diminution des niveaux cellulaires dans les cellules infectées d'une molécule antioxydante importante, le glutathion.

Si nous ajoutons un inhibiteur de la synthèse du glutathion, ou un médicament qui en cause une diminution, nous aurons encore des niveaux acceptables de glutathion dans les cellules non infectées, mais une diminution dramatique de glutathion dans les cellules infectées, et nous pouvons obtenir la mort sélective de celles-ci. L'élimination du réservoir silencieux pourrait espérer aboutir à l'élimination du virus de l'organisme, ou une rémission de la maladie, et la personne pourrait alors se débarrasser de la prise des médicaments antirétroviraux, sinon pour toujours, au moins pour certaines périodes.

À quel point en est la recherche en question?
Nous évaluons les effets des médicaments en question sur un modèle animal, à savoir des singes infectés par un virus semblable au VIH (SIV). Cela a été une entreprise extrêmement difficile de traiter ces animaux, car il était d'abord nécessaire de mimer les effets des traitements antirétroviraux sur les humains, de façon à avoir une situation viro-immunologique aussi proche que possible à celle des traitements humains sous traitement chronique.
Il a a été particulièrement difficile de créer ce modèle, car le virus SIV répond aux médicaments antirétroviraux un peu différemment par rapport au VIH.

Donc une grande partie de notre temps suite à la publication de l'étude "shock and kill", qui a eu lieu en juin dernier, a été consacré à la résolution de ce problème.
Les animaux sont sous traitement avec des médicaments antirétroviraux depuis le mois de septembre, ils ont très bien réagi à la combinaison utilisée, et mainenant, à la combinaison, les médicaments expérimentaux ont été rajoutés pour induire l'effet "shock and kill"

Il y a-t-il des chances de succès?
C'est difficile de faire une prévision, car ce domaine est encore inexploré, et cette étude est la première du genre dans le monde. Si il y a une réponse, toutefois, le premier pas vers un essai clinique devrait être assez rapide étant donné que les médicaments que nous étudions sont déjà approuvés pour l'usage humain, même si c'est pour une autre indication.

Si cela ne réussit pas, ce sera quand même un important pas en avant qui sera fait avec la mise au point du modèle animal qui pourra servir pour l'évaluation des effets des thérapies de deuxième génération que nous sommes en train d'étudier en éprouvette.

En décembre a été publiée une nouvelle provenant d'unerecherche menée par l'UCLA indiquant que les cellules sanguines modifiées pourraient être utilisés comme vaccins génétique pour attaquer les cellules infectées, portant en avant l'idée que l'éradication soit effectivement possible ...

Bien que considèrant l'étude des cellules génétiquement modifiées extrêmement intéressante et sans exclure d'éventuelles applications futures, je retiens que cette approche est encore très loin d'une application clinique immédiate, car ils doivent encore éclaircir les effets nocifs que ces stratégies pourraient avoir sur l'organisme.  Cependant, de plus en plus souvent les «complotistes» animent le débat en affirmant que ce sont les industries pharmaceutiques qui bloquent la recherche pour l'éradication dans le but de continuer à gagner de l'argent sur la vente des médicaments, puisqu'il est, économiquement parlant, désavantageux que l'éradication va à l'encontre de l'idée des profits monopolistiques concurrentiels prévus légalement par l'utilisation des brevets.

Vous, en tant que chercheur, comment ressentez-vous le fait qu'il y ait des personnes qui doutent constamment de la recherche scientifique en la reliant aux seuls aspects économiques?

La thèse complotiste existerait si une seule et unique entreprise pharmaceutique détiendrait le monopole des médicaments antirétroviraux, mais il n'en est pas ainsi. Chaque entreprise détient une partie du grand marché des médicaments antirétroviraux étant des thérapies anti-VIH composées de plusieurs médicaments. Ce qu'une entreprise pharmaceutique perdrait à la vente chronique de sa préparation serait largement compensé par le produit provenant du brevet sur l'éradication.
Nous sommes également conscients que les potentiels médicaments éradicants, demanderaient l'utilisation de traitements antirétroviraux, et donc la perte de gains sur les médicaments antirétroviraux ne serait que partielle.

De nombreuses sociétés pharmaceutiques investissent massivement dans la recherche d'un remède contre le VIH / SIDA. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas encore trouvé. En tant que chercheur engagé dans la science médicale, que veut dire selon vous le concept le concept de maladie?
La maladie n'est rien de plus qu'une condition biologique qui met en danger le bien-être physique ou psychique d'une personne. Il serait bon de la considérer comme telle et c'est tout. Le problème est que les maladies, en particulier les maladies infectieuses (sans parler de celles sexuellement transmissibles) ont, dans l'imaginaire collectif, une forte signification symbolique.

Ce concept apparaît dans une manière quasi-continue dans la littérature au cours des siècles, de l'épidémie punitive voulue par Apollon dans l'Iliade, à la peste de Camus. Hippocrate de Cos, entre le Ve et IVe siècle avant JC a cherché à émanciper les maladies de ce genre de contexte, mais, malheureusement, après 24 siècles, sa pensée n'a pas encore atteint une partie de la population.
Je pense que nous devrions aider une condition telle que le VIH / sida à se libérer de cette charge symbolique, car elle ne fait qu'augmenter la stigmatisation.

Publicité
Commentaires
Le blog des séropositifs en colère
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité