Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog des séropositifs en colère
Archives
24 mai 2011

Le pasteur Ambilikile Mwasapile et sa potion magique

 

 Tanzanie_Loliondo

Depuis plusieurs mois, en Tanzanie on ne parle de rien d'autre: Loliondo Babu est sur toutes les pages des journaux. Les gens font tout pour arriver à ce petit village de la région de Ngorongoro et les autorités ne savent pas comment freiner l'afflux de visiteurs, et la queue a atteint 52Km entre les voitures, les autobus, les vélos et les piétons. Parmi les personnes il y a même eu des morts dus à la chaleur. Toutes ont un rêve: guérir du SIDA, ou de toute autre maladie.

"Babu Loliondo" traduit, signifie tout simplement "le grand-père de Loliondo", qui n'est rien d'autre que le nom de son village. Son vrai nom est Ambilikile Mwasapile, et c'est un pasteur de l'église protestante à la retraite. Eh bien, ce monsieur aurait trouvé un élixir miraculeux qui peut guérir l'un des maux des plus incurables et des plus courants en Tanzanie: le sida. Mais pas seulement, au cours des semaines et à cause du bouche à oreille, la "potion de Loliondo" est devenue une panacée en mesure de résoudre tous les problèmes de santé, du diabète au cancer en passant par le vih et de l'ulcère à l'hypertension.

Le secret serait dans la racine d'un arbre, appelé localement Mugariga: le révérend en extrait une sorte de thé, il en donne un petit verre au patient pour une somme dérisoire (500 shillings, ce qui équivaut plus ou moins à 25 centimes d'euro) et conclut la visite en conseillant de rester plusieurs heures à prier, chose nécessaire pour guérir.

Babu Loliondo soutient qu'il a eu la recette directement de Dieu dans un rêve. Depuis qu'il a commencé sa mission, sa réputation a atteint la démesure: des groupes musicaux chantent son nom dans les locaux de la capitale, certains ministres sont allés lui rendre visite, pendant que les premiers voyages de l'espoir pour les occidentaux s'organisent.

Mais qu'en dit la science? Les autorités tanzaniennes se sont limitées à affirmer que, d'après leurs analyses, l'élixir n'est pas dangereux. Mais de là à guérir le sida, il ne faut pas rêver.

L'arbre Mugariga, des racines duquel est extrait l'élixir, n'est pas inconnu. Il s'agit de la Carissa edulis, déjà utilisée comme plante médicinale depuis les Massaïs. Dans le passé, plusieurs équipes de médecins en ont examiné les propriétés: certaines études, en particulier, ont montré que des extraits de Carissa edulis peuvent être efficaces contre le virus de l'herpès (HSV).

Renato Bruni, un chercheur et professeur en sciences pharmaceutiques appliquées explique que l'action antivirale de ces plantes est à attribuer à des molécules appelées terpènes, qui sont présentes dans la Carissa edulis et dans beaucoup d'autres plantes. Nous n'avons pas de données fiables sur l'efficacité de ces molécules chez l'homme, parce que pour le moment les études n'ont été effectuées que sur les animaux, mais nous ne pouvons faire l'hypothèse que l'administration pour une certaine période d'extraits de Carissa edulis peut faire regresser certains symptômes de l'herpès et d'autres formes virales opportunistes du sida.

Voici donc comment pourrait avoir été créé le malentendu: les malades après avoir bu l'élixir (probablement plus d'une fois), pourraient avoir manifesté une réduction de l'herpès, mais pas du VIH. Cette illusion momentanée de guérison, combinée à l'effet placebo aurait pu les conduire à communiquer leurs expériences à d'autres, suscitant le bouche à oreille.

Les médecins dans la capitale, qui ont eu l'occasion d'examiner certaines des personnes qui s'étaient soumises aux soins de Loliondo, sont sceptiques: jusqu'à présent ils n'ont pas encore trouvé quelqu'un qui était positif au VIH avant de boire l'élixir, soit ensuite devenu négatif. Il est possible que, sous la pression populaire, on arrive à entreprendre un essai clinique, comme ce fut rarement le cas. Mais le fait que les extraits de Carissa edulis ont déjà été testées par la recherche médicale (sans résultats significatifs à part l'effet sur l'herpès) laisse peu d'espoir.

Tout cela, cependant, n'arrête pas la réputation du pasteur retraité Ambilikile Mwasapile, ni celle de l'arbre Mugariga et si dans quelque temps vous trouvez les extraits de Carissa edulis, présentés sur internet ou ailleurs comme des remèdes miracles pour diverses maladies, rappelez-vous cette cette histoire.

 

Publicité
Commentaires
A
si ces crétins de séropos avaient un peu plus de réflexion et de sens de l'action collective au lieu de se lamenter dans leur coin, les choses avanceraient certainement plus vite
L
que penser entre le JMAR malgache, le GCMAF japonais, le VANHIVAX camerounais, un autre truc cubain,<br /> <br /> et biensur big pharma continue d'acquerir la bénédiction de la FDA et les AMM européenes (rilpirivine, entre autres)<br /> <br /> si on pouvait prouver une meilleure efficacité des produits cités en début du message!!!!!
Le blog des séropositifs en colère
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité