VIH: Le silence qui tue
La semaine dernière, le vih a fait parler de lui avec une histoire qui laisse un sentiment de rage et d'impuissance.
Un homme de 48 ans, d' Émilie-Romagne, séropositif depuis des années s'est suicidé après avoir su que sa femme de 43 ans, qu'il avait contaminée, était morte.
Huit ans de vie commune et autant de silence sur sa pathologie, jusqu'au jour où, en octobre 2010, la femme, afin de déterminer la source de ses soucis de santé s'est soumise à plusieurs examens, dont un test vih qui s'est révélé positif.
La situation immunologique était trop compromise et les traitements n'ont servi à rien.
La nouvelle relayée par la presse, se borne à une description du type d'infraction, lorsque dans la famille une pathologie qui peut nuire gravement à la santé ou de la partenaire est tue. Le Procureur avait ouvert une enquête suite à la plainte déposée par la femme. Mais au-delà de ces aspects juridiques, ces faits qui se produisent-ils encore 30 ans après les premiers cas de vih, ne méritent-ils pas une réflexion sur le pourquoi en 2011 on en est toujours à cacher sa séropositivité?
Chercher la culpabilité ou le coupable dans cette affaire est une chose, mais revenir sur quelques-unes des certitudes qui sont apparues depuis un certain temps dans la presse scientifique en est une autre.
Par exemple, la possibilité ou l'improbabilité de contamination du ou de la partenaire lorsque la personne est séropositive sous thérapie efficace, avec une virémie indétectable.
Des études montrant combien la contamination est peu probable si la charge virale est indétectable, sont certes importantes, mais l'improbabilité n'est pas synonyme d'impossibilité.
Quand nous sommes dans la vraie vie et non dans une étude en laboratoire, même l'improbabilité peut valoir une vie. Et deux dans le cas présent.
Nous ne savons pas, nous ne saurons sans doute jamais si l'homme en question avait une virémie indétectable, mais compte tenu de sa "bonne santé" rapportée par la presse, cela laisse à penser qu'il était sous thérapie efficace. Mais a-t-il contaminé sa femme avant d'être indétectable ou après? A-t-il fait des pauses thérapeutiques ou a-t-il été inobservant?
Nous avons aussi lu qu'il suffit de deux jours sans traitement pour que la charge virale devienne détectable et nous savons aussi combien cette valeur est variable.
On peut faire toutes les suppositions possibles, mais aucune ne peut changer la réalité des faits.
Le manque d'informations fiables, la peur de la stigmatisation, de la criminalisation et du rejet, ont crée une situation indissoluble au niveau de la prévention et un cocktail mortel qui ne semble préoccuper grand monde.
30 ans sont passés depuis ce 5 juin 1981, où l'on a commencé à parler de ce virus et en dépit des tonnes de phrases contradictoires adaptées selon les circonstances du moment, qui martèlent que le vih est toujours présent et qu'il tue encore, qu'il ne fait plus peur ou que l'on n'en meurt plus, nous sommes confrontés à cette nouvelle qui laisse sans voix.
Après 30 années de recherche et de lutte contre ce virus, il ne reste rien d'autre qu'une amère sensation de défaite.