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Le blog des séropositifs en colère
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7 décembre 2011

Sida: nouvelle approche des trithérapies

 Dr-Jacques-Leibowitch-Dr-Jacques-Leibowitch_articlephoto

le 6 décembre 2011

Le Dr Jacques Leibowitch développe son concept de traitement intermittent pour alléger les contraintes et améliorer la qualité de vie des patients.

 Paris Match. Aujourd’hui en France, quelle est la fréquence des personnes atteintes par le virus du sida ?
Dr Jacques Leibowitch. Cent mille patients sont sous traitement. Selon l’Institut de veille sanitaire, 7 000 à 8 000 personnes sont infectées chaque année par le virus. Mais beaucoup d’autres, contaminées sans le savoir, continuent à le transmettre.

Où en sont les résultats des trithérapies actuelles ?
Il existe des combinaisons multiples d’antiviraux (avec 31 molécules), que l’on prescrit sur ­mesure selon les résultats obtenus et la tolérance de chacun. Mais ces traitements, s’ils empêchent l’installation de la maladie en bloquant le virus, ne le tuent pas. Le VIH, même devenu ­indétectable, se réactive dès l’arrêt de la trithérapie. Selon le cas et l’âge, les personnes séropositives connaissent une rémission de plusieurs dizaines d’années.

Quels effets secondaires vous ont incité à améliorer le confort des patients sous trithérapie ?
La prise d’un traitement quotidien et à vie, dont l’arrêt représente une terrible menace, constitue un lourd fardeau psychologique. Certains ­patients disent ressentir cette contrainte comme un emprisonnement, avec une épée de Damoclès ­au-dessus de la tête. Ce protocole de prise quotidienne comporte aussi des risques de mauvaise ­observance, surtout dans les cas d’événements qui bouleversent la vie (deuil, licenciement, divorce...). D’autre part, l’accumulation à long terme des médicaments comporte des risques de complications même s’ils sont rares : problèmes cardio-vasculaires, insuffisance rénale...

Quel est le concept de votre nouvelle approche ?
Le but est d’alléger les contraintes et les risques, tout en conservant l’efficacité des trithérapies actuelles. On a pu observer que le virus, une fois indétectable après un an de traitement classique, met plusieurs jours à se réactiver et se multiplier. Notre équipe a misé sur ce temps de latence pour tenter d’espacer les prises, chacune avec les mêmes doses et les mêmes molécules.

Quels essais ont été réalisés avec ce protocole ?
Depuis 2003, 70 patients se sont prêtés à ce protocole. Tous ont d’abord été traités pendant un an avec une thérapie conventionnelle, jusqu’à ce que le virus soit indétectable. Ensuite, le nombre de prises a été progressivement réduit, chaque semestre, à raison d’un jour par semaine. La descente a été extrêmement lente et précautionneuse, sous surveillance ultrarigoureuse. Aujourd’hui, plus de 30 patients en sont à deux jours pas semaine, sans aucune réactivation du virus. Nous obtenons les mêmes résultats qu’avec un protocole classique à sept jours par semaine. Il faut rappeler que nous sommes toujours dans une période d’essai qui n’est pas officiellement validée, mais autorisée par la déontologie médicale.

Une revue scientifique a-t-elle exposé vos résultats ?
Ils ont été publiés dans la revue internationale de biomédecine “Faseb Journal” (Federation of American Societies for Experimental Biology). J’ai également présenté ces observations positives lors du récent Congrès international sur le sida.

En résumé, quels seraient les bénéfices de cet allégement thérapeutique ?
Le plus grand est psychologique. Pour nos patients à l’étude, ce changement est vécu comme une sorte de libération. Certains disent se sentir moins prisonniers de leur maladie. Autre avantage : une bien meilleure observance. Sur le plan physiologique, l’organisme reçoit beaucoup moins les ­effets d’une “pharmacie lourde”. En dix ans, par exemple, un patient sous deux jours de traitement par semaine aura reçu l’équivalent de sept ans et demi de médicaments en moins qu’un autre sous trithérapie conventionnelle.

Vos essais n’étant toujours pas validés, où se situent vos espoirs ?
Le but de notre équipe est de parvenir à convaincre les spécialistes et les institutions de conduire à leur tour des études, cette fois validées et randomisées, avec ce nouveau protocole.

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Sante/Actu/Sida.-Nouvelle-approche-pour-alleger-lescontraintes-des-tritherapies-357921/

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