VIH: L'immunisation avec l'OM - 85 BV réduit les exacerbations respiratoires
27 novembre 2013- L'immunisation avec l'immunostimulant OM- 85 BV (un lysat bactérien de différentes espèces microbiennes ) pourrait aider à prévenir les exacerbations des infections respiratoires chez les patients VIH - positifs qui présentent des rechutes saisonnières fréquentes.
C'est ce que suggère un travail d'un groupe hôpital Sacco de Milan, récemment publié dans la revue Human Vaccines & Immunotherapeutics.
En particulier, l'étude, la première à avoir examiné les effets de l'OM - 85 BV in vivo chez les patients positifs au vih, a montré que dans tous les groupes évalués, le traitement par immunostimulant a été associée à une diminution des infections respiratoires et par conséquent, à une diminution de l'utilisation des antibiotiques et des coûts de traitement.
Bien que la thérapie antirétrovirale ait radicalement changé l'espérance et la qualité de vie des patients, l'état de l'inflammation persistante accélère le vieillissement et des dommages aux organes, pour lesquels tous les efforts doivent être faits pour prévenir les épisodes infectieux chez cette population.
La prévention des infections respiratoires est particulièrement importante, la prévelence chez les vih+ étant élevée, en partie à cause du style de vie de ces patients.
En outre, il est connu que chez les sujets positifs au vih, la broncho-pneumopathie chronique obstructive ( MPOC) a une prévalence plus élevée que la population générale .
L'OM- 85 BV est un immunostimulant contenant des lysats de différentes espèces de bactéries ( Haemophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae, Klebsiella pneumoniae , Klebsiella ozaenae, Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, Streptococcus viridans, Neisseria catarrhalis ), dont l'efficacité dans la prévention des infections chez les patients atteints de MPOC, bien que démontrée dans plusieurs essais randomisés, n'a pas encore été clairement définie en raison de l'hétérogénéité de ces études.
Cependant, des données récentes ont confirmé l'efficacité du produit dans une population de patients présentant une immunodéficience et des études in vitro et ex vivo sur l'adhésion de la Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus et Candida albicans aux cellules épithéliales buccales et n'ont pas montré une réduction significative de l'adhésion des souches testées suite à l'immunisation avec l'OM - 85 BV
Pour en savoir plus, l'équipe, coordonnée par Amedeo Capetti et Giuliano Rizzardini, a proposé à un groupe de 386 patients positifs au vih suivis dans leur centre, de participer à une étude sur les infections des voies respiratoires à partir de juillet 2005.
En automne 2007, 56 patients VIH - positifs atteints d'infections respiratoires chroniques ou récurrentes ont été soumis à trois cycles de traitement avec l'OM - 85 BV, montrant plus tard, une diminution significative des événements respiratoires.
En conséquence, l'été de 2008 et 2009, les auteurs ont prescrit à tous les patients à risque de développer des infections saisonnières des voies respiratoires, le traitement avec l'OM - 85 BV, à prendre tous les jours pendant les 10 premiers jours de septembre, octobre et novembre
Les chercheurs ont ensuite calculé la fréquence des infections respiratoires dans la population à haut risque ( formée de 130 patients ) avant et après l'introduction de cette intervention, à savoir en 2005-2006, en 2008-2009 et 2010-2011.
Tous les participants étaient sous thérapie antirétrovirale et avaient tous une charge virale indétectable.
Après l'immunisation, les infections ont diminué de façon spectaculaire dans tous les sous-groupes de patients analysés et le plus grand bénéfice a été atteint chez les fumeurs à haut risque, tandis que le groupe qui a reçu moins du traitement avec l'immunostimulant, tant du point de vue clinique qu'économique, a été celui des patients souffrant d'une otite.
En fait, chez les 42 patients atteints de MPOC ( avec ou sans sinusite ) les infections ont chuté de façon spectaculaire, passant de 92 en 2005-2006 à 14 en 2008-2009, chez les 21 avec une sinusite récidivante elles sont passées de 47 à 13, chez 5 avec otite récurrentes elles ont diminué de 15 à 6 et enfin, chez 62 fumeurs à haut risque elles ont été réduites de 85 %, passant de 134 à 21.
Comme conséquence directe de la réduction du nombre d'infections a vu une diminution de la consommation d'antibiotique, qui est passée de 259 cycles à 54 et puis a diminué ultérieurement à 50 cycles au cours de la période 2010-2011 ( quand l'immunisation a été entroduite en routine ), avec une économie directe de 7615 € entre la première et la seconde année et d'une économie supplémentaire de 91 € pour la période 2010-2011 .
Et il est probable, soulignent les auteurs dans l'article, que l'immunisation avec l'OM - 85 BV , réduisant les infections, soit associée à d'autres avantages non quantifiés au cours de l' étude , tels que la réduction des jours de travail perdus et la réduction des épidémies parmi les membres de la famille. Sans compter que l'utilisation réduite des antibiotiques implique, potentiellement, un développement mineur de souches résistantes.
Le net avantage offert par le traitement, ajoutent les auteurs, est également démontré par la volonté des patients de continuer un traitement avec l'OM - 85 BV en le payant de leur poche ( le produit, en fait, n'est pas remboursé ).
Parmi les limites de l'étude, il y a plutôt la nature d'observationnelle et le fait de ne pas avoir quantifié l'impact du gain immunologique offert par la thérapie antitretrovirale, ainsi que celui dû à l'exposition continue à des facteurs de risque comme le tabagisme. Même la variation des conditions atmosphériques d'une année à l'autre pourrait avoir influé sur l'incidence des infections respiratoires.
Cependant , concluent les chercheurs, compte tenu de la consistance des effets observés et leur persistance pendant au moins 4 ans, on peut affirmer que dans la cohorte étudiée, le traitement avec l' OM- 85 BV a réduit la fréquence des infections respiratoires nécessitant une antibiothérapie dans tous sous-groupes de patients, et en particulier chez ceux atteints de MPOC et chez les fumeurs à haut risque.
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