Nantes. Séropositif, il ne se protégeait pas : deux ans ferme pour avoir transmis le sida

mardi 20 novembre 2012

Le tribunal correctionnel de Nantes a condamné mardi à deux ans ferme un Nantais atteint du sida qui multipliait les aventures sans prendre de précautions. Il a contaminé une mère.

« Peur d’être rejeté »

Brisée, elle a préféré ne pas venir témoigner. Mère de trois jeunes enfants, Florence, 36 ans, a contracté le virus du HIV en 2009. À l’époque, elle fréquentait Denis, un jeune Camerounais. Il était séropositif, le savait, n’a rien dit, ne s’est pas protégé.

Pourquoi ? A répété le président, hier, au tribunal correctionnel de Nantes. Un blanc. Le prévenu, embarrassé, peine à répondre. « J’ai toujours refusé de croire que j’étais malade. » « Pourtant, on vous soignait… », insiste le président. « Oui », reconnaît le jeune homme. « Alors ? »

Alors il évoque une enfance camerounaise hantée par la vision de spectres atteints du sida, un père qu’il a perdu jeune : « Je crois que j’avais peur d’être rejeté. »

Lorsqu’il rencontre Florence, Denis vit en couple avec Gaëlle, dont il attend un enfant. À elle non plus, il n’a rien dit de sa séropositivité. Il finit par le faire, poussé par le médecin qui le suit. Sa compagne n’est pas contaminée, le bébé non plus. Coup du sort : l’enfant, né prématurément, ne survit pas. Le couple ne tiendra pas.

« Pour qu’il arrête de contaminer les filles »

Une solidarité féminine se tisse dans l’ombre du séducteur. Gaëlle informe Florence que Denis a le sida. Face à Florence, il nie. Elle choisit de le croire. Un jour, elle intercepte un message de Sidaction, comprend que son amant lui ment. Un test lui révèle sa séropositivité.

La descente aux enfers commence pour la jeune femme. Avec Gaëlle, elle porte plainte contre Denis « pour qu’il arrête de contaminer les filles ». Car l’homme est volage. Il fréquente les sites de rencontre, multiplie les conquêtes. Sans mettre de préservatifs.

Est-il dans le déni ? La question lui est posée. Il tourne autour. Met en doute la possibilité d’avoir contaminé Florence alors que l’expertise médicale dit l’inverse. Avance qu’elle serait infidèle. Le président trouve ça un peu gros.

A-t-on affaire à un manipulateur ? À quelqu’un d’immature, répondent les psychologues qui le disent particulièrement irresponsable, égoïste, tourné sur lui-même.

« Silence coupable »

Parmi les robes noires, c’est la bataille des mots. Entre « il est insouciant », concédé par la défense dans la bouche de Maître Franza-Mazauric, et « comportement criminel » dans celle du procureur Fanny Floquet, qui requiert trois ans ferme, c’est le grand écart.

La partie civile, elle, se focalise sur le « silence coupable » du prévenu. « Cet homme parle de la confusion qui régnait dans son esprit mais il savait ce qu’il faisait : il était constamment alerté et conseillé par le CHU de Nantes qui le suivait », pointe maître Michaux.

Des regrets, des excuses ? Le prévenu ne dit rien. Pas un mot pour la mère de famille engluée dans son cauchemar, « qui ne fait plus de projet, qui a renoncé à toute vie sentimentale ».

L’homme a été reconnu responsable, il a été condamné à deux ans ferme.

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